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Voix Vertes - expériences immersives en territoire Bressan.

Un projet artistique co-écrit par :

 

Pierre Amoudruz, directeur artistique, auteur, vidéaste

Martin Chastenet, auteur urbain et musicien

Sophie Griffon, musicienne - compositrice

David Guerra, musicien - compositeur

Thomas Pachoud, ingénieur et artiste numérique

Ghazi Frini, vidéaste

Yannick Moréteau, Vidéaste et artiste numérique

Paul Ambrosino, Artiste plasticien
Victor Roux, Musicien - Vidéaste
Alexandre George, Régisseur général

Brune Neron-Bancel, puis Quentin Duforeau pour l’AADN et Bérangère Bulin pour la CA3B, coordinateur·rices du projet

CABANE 01 : Bienvenue dans nos cabanes

“Où il est question d’une bande d’artistes constructeur·rices poussé·es vers les rencontres par une croyance étourdissante : les imaginaires peuvent sauver l’avenir”

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Jour 98

 

Après bien des jours à se demander comment... on les a conçues. On les a construites. On les a fait pousser de-ci, de-là, aux confins de la Bresse, aux abords de la Reyssouze, au croisement de la géographie et des récits. 

 

Des cabanes en forme de dôme, des huttes-hémicycles, des globes inversés pour mieux conter l’envers du territoire que l’on a traversé. Des cabanes-assemblées comme autant d'espaces où faire foisonner les idées. A chaque personne qu’on invitait, on disait :

 

“Bienvenue dans nos cabanes, dans nos abris du nouveau monde… 

D’un monde tel qu’il faudra bien s’y faire.

Ou tel qu’il serait.

Ou tel qu’on le fera.” 

 

On voulait tellement qu’elles le fassent avec nous, ce monde. 

Alors on reprenait  :

“On les a voulu rondes pour qu’on s’y love, qu’on s’y enlace, qu’on s’y laisse encercler au-dehors de nous-mêmes, qu’on s’y regarde en face. 

Qu’on s’y ensorcèle et qu’on s’en sorte

Avec celles et ceux qui veulent !

Qui veulent mais qui ne savent pas comment, ni quoi, ni quand. 

Il faut que ça sorte tout ça . Il. faut. que. ça. sorte !

Ça peut pas rester coincé seul dans un corps. Seul face à tant de souffrances et de questions, et de contradictions, et de contraintes, et de factures, et de fractures et de règles du jeu pipées qu’on avait dit qu’on voulait pas jouer, 

pas comme ça !

Ça doit s’exprimer... ça doit s’ex. pul. ser !

 

Alors on les a faites rondes à la forme d’une explosion pure, d’un ventre à l’accouchement, pour qu’on y danse à perdre le fil, qu’on y danse à perdre la haine, à perdre l’équilibre et le confort, et la tête et la bouche.

Et ses oreilles. 

Et ses yeux. 

C’est tout !”

 

On les a bricolé ensemble, ces cabanes.

Enceintes. Pour le son.

Écrans. Pour la projection.

Tapis. Au sol. Pour que les corps se relâchent et que les mots s'écoutent. 

C’étaient de belles cabanes.

 

On s’est même dit que ça ferait de bons abris anti-tornades. 

Des jardins d’accueil pour migrant·es climatiques refoulé·es par les océans.

Ou bien des hôtels d’acclimatation pour plantes-errantes. De celles qui ont besoin de s’arroser un peu avant d’aller germer plus loin. Trouver leur colline, où fleurir.

 

Ce serait des cabanes-bulles, pour nous mettre en ébullition, dresser des barrières contre le désespoir qu’on sentait monter dans nos cœurs meurtris par l’interdiction de se voir. On allait pouvoir s’y raconter des histoires. Des histoires de demain, à dormir debout, comme des gamins. Des histoires qu’on ne se raconte pas dans les maisons carrées. Parce que les murs sont trop droits, trop hauts, les portes verrouillées, l’horizon sous alarme, et que les étoiles ne brillent plus lorsqu’on a coupé le jus.  


 

Elles sont venues. Ils sont venus. Chacun, chacune.

Une fois notre toute première cabane arrimée au territoire, prête à les accueillir. 

Une, puis deux, puis deux cent, et pour finir plus de six cent personnes peut-être. 

Des gens d’ici, deci-delà, déçus souvent, mais contents. 

Niqués par la vie mais bien droits dans leurs bottes. 

Debouts.

 

Venu·es de toute l’île Bresse. Ils se sont assis en cercle. Elles ont commencé à parler, à se projeter dans ce monde tel qu’il pourrait être, tel qu’on le ferait ou tel qu’il sera… ça disait des choses comme ça... 

 

“Avant ce soir, j’avais jamais vu Montrevel-plage à marée basse.

Parait qu’il y avait une plaine tonique ici. 

Et des poulets.

Maintenant c’est plutôt des palourdes.

C’est beau l’océan tu trouves pas ?

Tu entends les vagues ?

Finalement,

Il a du bon ce réchauffement…”
 

Nous voilà rendu·es ici, sur ces pages. A vous raconter les explorations poétiques de nous autres, artistes et constructeurs, constructrices, et de nos rencontres avec les habitant·es d’une Bresse métamorphosée en île. Il y sera question d’un Village de Dômes, de Semeuses de Contes et de l’arrivée malheureuse du Grand Serment.

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